Ce mardi, le parti d’extrême droite zemmouriste Reconquête présentait officiellement la liste de ses candidats pour les élections européennes. Mais les sourires forcés pour la photo de famille ont rapidement laissé place aux grimaces en coulisses. Voilà des semaines que les relations sont au plus mal entre les équipes de la tête de liste, Marion Maréchal, et celles d’Eric Zemmour ; et que le climat interne ne cesse de se tendre. En cause, principalement, un désaccord stratégique sur le choix de Marion Maréchal d’attaquer la droite tout en ménageant le Rassemblement national.Depuis, la communication est quasi rompue entre zemmouristes et maréchalistes et chacun mène sa campagne en parallèle. On se regarde du coin de l’œil, on s’attaque par médias interposés, on se raconte la dernière vacherie des uns, les récents renoncements des autres.

Début avril, les zemmouristes ont failli s’étouffer lorsque Marion Maréchal, en déplacement de campagne à Carnac, s’est refusée à aller tracter à la Trinité (lieu symbolique pour les Le Pen), pour ne pas froisser son ancienne famille politique. Dans la foulée, dans une vidéo publiée sur ses réseaux sociaux, elle a appelé la tête de liste RN Jordan Bardella, particulièrement virulent à son égard ces derniers temps, à ne pas « se tromper d’adversaire ». « C’est complètement ridicule, se lamente un cadre qui découvre l’initiative. On devrait tendre la joue et dire Amen pendant que Bardella dit à ses électeurs que le vote Reconquête est un vote perdu ? C’est une campagne, il faut les taper ! » L’arrivée de Sarah Knafo, compagne et conseillère d’Eric Zemmour, en 3e position sur la liste, devait aider à ressouder l’équipe. Elle n’a fait qu’alimenter les divisions. Le 28 avril, cette dernière a droit à un article dans Le Figaro, une interview sur BFM, un accueil présidentiel au siège du parti ensuite, entourée de militants, une communication bien rodée sur les réseaux sociaux, une rencontre avec la presse (dont les équipes de Marion Maréchal n’avaient pas eu vent). On a du mal à se rappeler la dernière fois que Marion Maréchal a eu droit à un tel traitement. Chaque camp nourrit son ressentiment de son côté, rejetant la faute sur celui d’en face. En ligne de mire, le scrutin du 9 juin, où Reconquête !, crédité d’à peine plus de 5% des intentions de vote, joue pourtant sa survie. Mais les guerres picrocholines semblent passionner davantage le parti d’Eric Zemmour que les enjeux européens.

(En raison des jours fériés, nous nous retrouvons le lundi 13 mai. Merci de votre fidélité.)