Vendredi, la Commission européenne avait laissé les journalistes stupéfaits, en annonçant son intention de retirer une importante directive contre le « greenwashing », mais en refusant d'expliquer pourquoi. Les fonctionnaires de Bruxelles nous expliquent à présent que cette directive n'a finalement pas besoin d'être retirée et que les négociations entre les institutions européennes peuvent se poursuivre. À une condition. Un haut fonctionnaire de la Commission a ainsi confié hier à Euractiv que le texte conçu pour obliger les entreprises à étiqueter plus précisément leurs produits pourrait être conservé, à condition d'être modifié pour exclure de son champ d'application des millions de petites entreprises. Une nouvelle demande qui ne manquera pas de surprendre les États de l'Union européenne. Deux sources du Conseil ont en effet expliqué à Euractiv que la question des petites entreprises avait été en grande partie réglée lors d'une réunion des ambassadeurs mercredi dernier. Visiblement, pas suffisamment au goût d’Ursula von der Leyen. L'annonce par la Commission de l'abandon du texte vendredi est intervenue seulement deux jours après que les eurodéputés du Parti populaire européen (PPE), menés par Manfred Weber, aient exigé son retrait. L'apparence laissait donc penser que la Commission, dominée par le PPE, s'était rapidement pliée aux demandes de ses alliés au Parlement pour faire capoter le projet. Depuis des mois, le PPE de Manfred Weber s'allie avec les groupes d'extrême-droite pour faire adopter des textes controversés. Les autres groupes du Parlement européens étaient donc prêts à réagir et c'est ce qu'ils ont fait. Les eurodéputés socialistes, écologistes et libéraux sont montés au créneau. Ursula von der Leyen a par exemple subi les foudres de Valérie Hayer, la présidente du groupe libéral Renew, qui a indiqué avoir évoqué avec elle ce qu’elle a qualifié de décision « honteuse » de la Commission. « Les décisions publiques de la Commission, qui envisage de retirer la proposition, interfèrent avec tout processus démocratique », a par exemple expliqué à Euractiv le négociateur du Parlement, Tiemo Wölken, un social-démocrate allemand. Notre hypothèse est que la Commission tente donc de corriger une erreur de communication majeure commise vendredi, tout en voulant faire passer un message sur l’importance de son programme de simplification administrative. Un haut fonctionnaire de la Commission l’a résumé ainsi : « Les 'omnibus de simplification' visaient à corriger des erreurs passées. La logique de cette Commission, c’est aussi de ne pas adopter de nouvelles législations qui auraient, à l’avenir, besoin d’être corrigées. » |