Combien de temps encore les Socialistes et Démocrates (S&D) pourront-ils maintenir leur influence à Bruxelles, alors que leur position autrefois centrale dans l’équilibre des forces européennes est progressivement affaiblie par l’émergence d’une nouvelle majorité alternative à droite ? Cette fois, assurent-ils, leur menace de bloquer le prochain cadre financier pluriannuel (CFP) de l’UE n’est pas une simple promesse en l’air. Ils se disent prêts à aller jusqu’au bout pour faire entendre leurs priorités. Lors d’une réunion à huis clos mardi 8 juillet à Strasbourg, les eurodéputés S&D ont été déçus des premiers échanges avec la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen (Parti populaire européen, PPE), qui esquissait les grandes lignes du budget européen pour la période 2028-2034. Les socialistes souhaitent que la Commission revienne sur son idée de fusionner tous les fonds européens en une seule enveloppe par pays. Ils veulent également un budget européen plus important, davantage de taxes européennes, plus de dette commune, des fonds régionaux et agricoles autonomes et un Fonds social européen protégé. « Nous n’hésiterons pas à nous retirer de ce dossier important », a assuré l’eurodéputé socialiste néerlandais Mohammed Chahim. Carla Tavares, chargée avec un collègue eurodéputé du dossier budget, a déclaré qu’Ursula von der Leyen ne leur avait donné aucune « information pertinente » lors de la réunion de mardi. Le Français Jean-Marc Germain a quant à lui déclaré qu’il n’était « pas normal » que seule la présidente de la Commission semble connaître le contenu de la proposition. Même ses commissaires seraient dans le flou. Le groupe S&D n’en est pas à sa première passe d’armes avec la droite. Fin de l’année dernière, lorsque Teresa Ribera — une socialiste espagnole — a été menacée de rejet par la droite lors des auditions des commissaires européens, le groupe S&D a abandonné son propre refus de laisser l’Italien Raffaele Fitto, désigné par Giorgia Meloni, devenir l’un des vice-présidents exécutifs de la Commission. « C’était compliqué pour le Collège des commissaires, mais pour le budget, c’est simple », a affirmé Jean-Marc Germain. « Soit nous avons nos priorités et aucune ligne rouge n’est franchie, et c’est oui, soit c’est non et il n’y a pas de budget. Cela rend la menace crédible. » Reste à voir, lors de la présentation de la proposition de budget le 16 juillet, si Ursula von der Leyen intègrera les exigences des socialistes, et donc si elle prend au sérieux leurs menaces. |