On prête à Paul Valéry l’idée que « la philosophie occidentale a une dette envers la lumière de la Méditerranée », et donc envers le Soleil si généreux à l’égard des nombreuses cultures qui se sont épanouies autour de cette mer. Symbole de ce pan de l’histoire, Homère, dans L’Odyssée, décrit Hélios comme un dieu « qui porte la joie dans le cœur des hommes », y compris, sans doute, celui d’un autre Grec, Anaxagore. Moins porté sur les divinités, le philosophe fut le premier, dès le Ve siècle avant notre ère, à voir dans le Soleil une étoile comme les autres. Héritiers de ces deux traditions, nous sommes les enfants de ce Soleil, et comme le dit le générique d’une célèbre série animée, nous parcourons «la Terre, le ciel» en quête non de «mystérieuses cités d’or», mais d’informations toujours plus précises sur notre étoile. De fait, jamais télescopes terrestres ni engins spatiaux n’ont été si nombreux à scruter le Soleil. La moisson de connaissances est riche, et ce numéro en est la preuve. C’est aussi que notre sort en dépend, car nous sommes à la merci d’une tempête solaire : il faut nous y préparer et donc, en amont, comprendre. Le même Paul Valéry affirmait en 1919 : «Nous autres, civilisations, nous savons maintenant que nous sommes mortelles.» Savait-il que son cher Soleil pouvait y jouer un rôle? Loïc Mangin - Rédacteur en chef adjoint à Pour la Science |